De l’écoute des sons à la lecture

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  Dès sa sortie, au début des années 2000, ce manuel, destiné à amorcer l’apprentissage de la lecture par la voie alphabétique, a connu un franc succès. Cet ouvrage qui ne fait pas la moindre concession à la méthode globale ou semi globale, a répondu à une forte attente et comblé un vide éditorial.

      À cette époque, bien que les programmes officiels concernant l’école maternelle soient invariablement qualifiés de novateurs et ambitieux par leurs concepteurs, la réalité était moins enthousiasmante ! La pédagogie préconisée était basée sur une plongée prématurée dans l’écrit, sur la mémorisation visuelle de mots ainsi que sur des activités d’écriture déconnectées de la sonorité des lettres. De nombreux enseignants se montraient peu convaincus par cette pédagogie et certains d’entre eux critiquaient ouvertement les programmes officiels, jugés verbeux, démagogiques, inadaptés et indigents quant à leurs contenus réels. Afin de promouvoir l’utilisation de méthodes de lecture inappropriées voire délétères, ces programmes, sous couvert de modernisme, s’appuyaient, sur des théories  pseudo scientifiques oiseuses confortées par des études statistiques orientées et peu convaincantes.

       Face à ces directives officielles, les enseignants de GS de maternelle, soucieux de transmettre des connaissances explicites et solides, ont trouvé dans cette méthode la bouffée d’oxygène qu’ils attendaient. En suivant un programme clair, logique, ambitieux et structuré, de nombreux maîtres et maîtresses ont pu combler l’envie d’apprendre de leurs élèves. Ils ont eu le bonheur de les voir s’investir avec plaisir dans des activités ludiques et interactives mobilisant le corps et les sens. En transmettant un véritable savoir, s’affranchissant de ce fait de l’obscurantisme scolaire institutionnel, ils se sont sentis valorisés en donnant du sens à leur mission.

     Il aura fallu des longues années de luttes et l’implication d’un scientifique médiatique pour que les méthodes de lecture inadaptées soient enfin discréditées. Certes le problème de la « méthode globale » n’est toujours pas totalement réglé. Le flou qui entoure les pratiques installées en maternelle depuis des décennies et les lacunes de la formation des enseignants ne sont probablement pas pour rien dans cette situation. Toutefois, après ces années de remise en cause, la situation a évolué favorablement. Les méthodes traditionnelles (alphabétiques, syllabiques) jusqu’alors moquées, méprisées, déconseillées voire interdites par la hiérarchie, ont enfin retrouvé la place qu’elles n’auraient jamais dû perdre. Après le règne d’un courant  pédagogique  réducteur considérant l’écrit comme «  le langage de l’œil », l’oralisation a enfin été réhabilitée.

      Depuis ce virage à 180 degrés, on a vu fleurir quantité de manuels consacrés à la phonologie. Malheureusement, beaucoup de ces ouvrages se limitent bien souvent à un travail réduit à la perception et la manipulation des syllabes. La plupart d’entre eux font l’impasse sur les autres éléments de la langue (phrase, mot) pourtant essentiels. Dans les manuels qui proposent des activités d’écriture, celles-ci ne sont pas intimement liées à celles de lecture. D’autre part, le travail sur le sens et la compréhension, considéré comme une activité spécifique, n’est pas intégré à ces ouvrages. Ce morcellement du savoir prouve que la pédagogie qui s’appuie sur les compétences a encore de belles années devant elle.

     Le pari de « De l’écoute des sons à la lecture » est de regrouper dans un seul ouvrage de nombreuses connaissances amenant les enfants à comprendre l’organisation de la langue et à établir un lien constant entre l’écrit et l’oral. En s’appropriant le vocabulaire relatif au langage et en ayant la possibilité d’analyser la chaîne écrite et parlée, les élèves possèdent des bases solidement ancrées. « De l’écoute des sons à la lecture » reste, et restera probablement encore longtemps, une excellente méthode dont l’objectif est d’instruire tous les élèves de la classe et ce quels que soient leur degré de maturité, leurs aptitudes individuelles mais aussi leur origine culturelle ou sociale. Après cette préparation idéale, les enfants abordent le cours préparatoire avec confiance. Lors de cette année cruciale pour la suite de la scolarité, le stress ressenti par les familles, les enseignants et les élèves se trouve considérablement amoindri. Tous les enfants entrent avec bonheur dans la lecture … sans verser une larme !

Thierry Venot

 

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